Construire avec le terrain et pas contre lui : et si la nature était notre meilleur allié ?

par | 29 octobre 2025 | News

Une ressource négligée : le terrain lui-même

Alors que la densification s’accélère et que les surfaces disponibles se réduisent, l’approche conventionnelle reste la même : aplanir, abattre, vider. Le terrain est vu comme une contrainte à surmonter, et non comme un partenaire de conception. Pourtant, chaque site recèle une richesse propre, qu’il s’agisse de son relief, de son orientation, de ses arbres ou de son microclimat. Autant d’éléments que l’on devrait valoriser, plutôt qu’effacer.

Construire intelligemment, c’est d’abord observer. C’est comprendre comment le soleil circule sur la parcelle, où se trouvent les zones d’ombre, quels sont les vents dominants, quels arbres filtrent la lumière ou protègent du vent, ou pourraient constituer une barrière acoustique efficace. Ce ne sont pas des détails : ce sont des leviers pour bâtir mieux.

Arbres : un coût immédiat, des économies durables

Souvent perçus comme des obstacles à la construction, les arbres sont pourtant des alliés précieux. Leur ombre peut abaisser de deux à quatre degrés la température d’un espace en été, réduisant d’autant le besoin en climatisation. Ils apportent aussi une qualité de vie irremplaçable : fraîcheur, intimité, filtration de l’air, ancrage paysager ou protection acoustique. 

Les faire disparaître, en revanche, a un prix. L’abattage d’un arbre majeur coûte entre 15’000 et 50’000 francs (valeur compensatoire cantonale vaudoise), voire plus si l’arbre présente des caractéristiques spécifiques importantes pour son biotope. Cela sans compter les frais de replantation exigés dans certaines communes, ni les conséquences à long terme : sols plus secs, besoin d’installer des protections solaires, perte de biodiversité. Préserver un arbre, c’est donc faire un choix durable — et souvent plus économique.

Travailler avec la pente, une stratégie gagnante

Les terrains en pente sont souvent redoutés pour leur complexité. Pourtant, ils offrent des opportunités architecturales remarquables. Un demi-niveau en sous-sol peut être naturellement tempéré et réduire la consommation énergétique. Un projet qui épouse le relief peut mieux s’intégrer au paysage et offrir des vues dégagées tout en limitant les vis-à-vis.

Sur un projet dans le canton de Vaud, nous avons conservé un talus naturel au lieu de le modifier. Résultat : pas de mur de soutènement à construire, pas de drainage lourd à mettre en place, et une économie de près de 65’000 francs sur le gros œuvre. Le bâtiment s’y est inséré naturellement, en dialogue avec le sol.

Orientation et lumière : les énergies gratuites

La lumière naturelle, la chaleur du soleil, la ventilation traversante, les avants toits constituent des ressources gratuites. Mais pour les exploiter, encore faut-il concevoir le bâtiment en fonction de son environnement. Une bonne orientation permet de capter la chaleur en hiver et de s’en protéger en été. Elle améliore aussi la qualité de vie à l’intérieur : des espaces lumineux, moins d’éclairage artificiel, un rythme naturel mieux respecté.

Dans certains projets, une orientation maîtrisée permet jusqu’à 30 % d’économies énergétiques par an. C’est une efficacité invisible, mais puissante, qui commence bien avant la pose du premier mur.

Vers une architecture enracinée

Construire avec le terrain et la nature environnante, ce n’est pas revenir à une architecture passéiste. C’est, au contraire, entrer pleinement dans les enjeux de notre époque : sobriété, intelligence conceptuelle, durabilité. Cela suppose de renoncer à des plans standardisés, de prendre le temps d’analyser le site, de concevoir sur mesure. Mais les bénéfices sont multiples : pour le confort des habitants, pour les finances du maître d’ouvrage, et pour la santé de nos écosystèmes.

Bâtir avec ce qui est là, c’est faire preuve de respect : pour le lieu, pour les matériaux, pour le vivant. Dans un monde aux ressources limitées, c’est sans doute la voie la plus contemporaine qu’il soit.

 

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