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par | 29 juillet 2025 | News

5,5 milliards de climatiseurs d’ici 2050 : et si nous choisissions une autre voie ?

Alors que les vagues de chaleur s’intensifient en Suisse, le recours à la climatisation s’impose de plus en plus comme solution réflexe pour garantir un minimum de confort thermique. Selon l’Agence internationale de l’énergie, le monde comptera 5,5 milliards de climatiseurs en 2050, contre 1,6 milliard aujourd’hui. Mais cette course effrénée au froid artificiel soulève plus de problèmes qu’elle n’en résout : consommation énergétique massive, émissions indirectes, surchauffe des villes, efficacité limitée dans des bâtiments mal conçus. Il est temps de remettre au centre du débat une solution trop souvent négligée : la ventilation naturelle.

Le paradoxe suisse : un besoin croissant, une réponse 

Avec une hausse moyenne des températures de plus de 2°C depuis le début du XXe siècle, la Suisse n’échappe pas aux impacts du réchauffement climatique. Les îlots de chaleur urbains s’intensifient, et notre parc immobilier peine à s’adapter. Si les réglementations cantonales freinent l’installation de systèmes fixes – notamment à Genève et dans le canton de Vaud – la réponse face à l’inconfort reste souvent souvent technique : ajouter des climatiseurs mobiles ou installer des systèmes fixes coûteux comme des pompes à chaleur réversibles. Mais cette stratégie, énergivore et court-termiste, ne fait qu’aggraver les causes profondes du problème.

Le modèle asiatique : un avertissement

Dans des métropoles comme Shanghai, Bangkok ou Hanoï, la climatisation est omniprésente. Chaque appartement dispose de sa propre unité extérieure, accrochée aux façades, contribuant à dégrader l’espace urbain, à surconsommer de l’électricité et à réchauffer l’air ambiant. Mais ce n’est pas aux résidents qui sont les uniques responsables : si les logements ne sont pas conçus pour offrir un température viable en été, la climatisation devient le seul subterfuge, notamment pour les publics vulnérables comme les personnes âgées.

Une intelligence architecturale à réactiver

Bien avant l’ère des climatiseurs, les architectes savaient concevoir des bâtiments qui respiraient. Orientation réfléchie, inertie thermique, ventilation traversante, protections solaires passives : ces principes élémentaires, aujourd’hui relégués au second plan, constituent pourtant les fondements d’un confort thermique durable. Repensée intelligemment, la ventilation naturelle permet de limiter les surchauffes estivales sans recourir à des systèmes consommateurs d’énergie. Elle suppose de revoir la distribution des espaces, de favoriser les hauteurs sous plafond, d’intégrer des patios ou des cheminements verticaux d’air. Mais ses avantages sont majeurs : réduction des coûts d’exploitation, amélioration du bien-être, et diminution de l’empreinte carbone.

Faire évoluer les normes pour transformer les pratiques

Le blocage est moins technique que culturel et réglementaire. Les normes accordent encore peu de place aux stratégies passives. Les investisseurs et maîtres d’ouvrage restent frileux face à un confort “non garanti” par un équipement. Pourtant, le confort est atteignable autrement. Il devient urgent d’intégrer la ventilation naturelle dans les référentiels énergétiques, de former les acteurs du bâtiment à ces solutions, et de soutenir des projets pilotes démonstrateurs sur tout le territoire.

Construire autrement pour mieux vivre demain

Nous avons le choix : laisser nos villes se doter de climatiseurs individuels visibles, bruyants, énergivores, ou défendre une autre vision du confort – plus intelligente, plus durable, plus locale. Cette décision ne relève pas uniquement des lois, mais de nos choix collectifs. Architectes, promoteurs, collectivités et citoyens : à chacun de jouer sa part. Ventiler naturellement, ce n’est pas revenir en arrière, c’est prendre un pas d’avance.

 


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